Quand nous partons voir notre Strasbourg chérie, on veille toujours à prendre le TGV allemand.

À peine à bord, on fonce prendre une place au calme, dans la voiture-bar, large et généreuse, faite pour les Allemands, c’est-à-dire des gens plus grands et plus propres que nous.

À la différence de notre service SNCF, le service est à table et pour nous, cela change tout. Entre les saucisses servies à toute heure, la tireuse à bière bien fraîche et le service aussi efficace qu’un panzer dans les Ardennes, on adore les wagons-bars allemands. Le café est servi dans des verres d’ogres, l’allongé fait 750ml et on peut facilement commander deux litres de café et squatter une table de 4 pendant 3 heures.

Qu’on est loin de notre wagon-bar sncf, où la fourberie des plats « mijotés par nos chefs étoilés », irréellement dégueulasses, nous tabasse l’estomac et notre innocent portefeuille. Lointaine est aussi l’invraisemblable attente, debout, dans le couloir ombilical, la face collée contre le menu géant et la photo retouchée du bestseller des bestsellers, l’infâme croque-monsieur SNCF*. Le système d’encaissement rame depuis qu’il existe (il cherche un réseau à c’qui paraît…) et il est interdit aux employés de faire deux choses à la fois, surtout quand le café coule. Parce que quand le café coule, on le regarde couler.

Incapable depuis vingt ans d’améliorer les choses, le service marketing TGV, lors d’une ultime réunion, à l’orée d’un burnout franchement mérité, a eu l’éclair de folie : nous offrirons pour chaque café un petit carré de chocolat**.
Depuis, le carré cadeau, le carré trésor, est déposé, délicatement, sur le comptoir indestructible signé Alstom, comme un pardon, comme une excuse, et parfois même, lorsque le service est un peu trop précieux, comme une petite complicité fondante et interdite qu’accompagne un regard qui dans nos prunelles s’enfonce bien trop longtemps. Que le service marketing ne l’apprenne jamais, mais la réponse par un léger sourire à ce regard insistant, permet toujours de se voir offrir un second chocolat que nous dégustons, bien contents, sans aucune culpabilité.

La commande prise, on attend gentiment dans notre wagon-bar allemand, filant à 300km/h, à travers une Alsace que la brume soleil caresse toujours. On s’enroule dans nos songes et l’on rêve de l’époque ou les wagon-bars, nappés de blanc, riaient sous les clignements des verres en cristal et des marqueteries vernies. Le tournedos de bœuf, évidemment Rossini, fondait dans les entrailles d’une clientèle d’élus qui ne pouvait être qu’heureuse. La carte plastifiée et collante a aujourd’hui remplacé les déclamations dodelinantes et précises d’un majordome aux gants impeccables mais n’oublions pas, ces gens là ne connaissaient pas le déo. L’époque n’était pas que douce.

Arrivé en ville, sous le soleil glacial et presque blanc, on se réfugie rapidement dans notre Wienstub préféré, sur les bords miniatures de la Petite France. Et là, nostalgiques que nous sommes, nous commandons le Flammekueche de notre enfance. Une bière est là pour équilibrer le régime le plus salé de France, un bonheur qui coûterait un an de vie aux chers alsaciens qui, semblerait-il, s’en foutent royalement. Et nous sombrons dans une extase totale.
Chef Nico a mis nos souvenirs dans une recette de crème et d’oignons parfaite. C’est à tomber, c’est indispensable pour tenir sous ce froid de février (quelqu’un sait où est le soleil ?) et ça ne dure que six semaines.

*Ici, on ne se fait évidemment pas des amis, on en a bien conscience - le goût et les couleurs quoi. Excusez-nous d’être gourmets mais c’est quand même notre métier. Alors, question croque-monsieur, nous sommes de la team pain de mie plutôt que pain de campagne. Notre favori absolu est celui du café Trama… qui a fermé ! On est donc preneurs de plans plus actuels.

**Merci à Chocolat des Français d’avoir réussi à signer ce deal du siècle - c’est notre estomac qui parle. Vos chocolats sont trop bons !


Please welcome Le Petite France
accompagné de ses Kartoffelchips.

PETITE FRANCE

En souvenir des flammekueches dévorées à Strasbourg Noël dernier

Steak haché PNY, old-fashioned melted cheddar,
poitrine de porc fumée sans nitrites, crème,
bacon bites et oignons

KARTOFFELCHIPS

Frites allumettes maison,
cheddar 18 mois, crème,
bacon bites, oignons


OPEN 7/7 SUR PLACE

ET EN DELIVERY IN ALL PNY